chimériques chichis
Comment ça, trop c'est trop ? Il faut bien nourrir mon petit monde et faire la soupe aux trois ours.
Tu crois que ça m'amuse, c'est ça ? Que je fais ça pour rire au lieu de cuire de la vraie soupe dans une vrai casserole avec du vrai feu qui brûle et une vraie bouteille de gaz qui pèse un âne mort surtout qu'on la descend vide et qu'on la monte pleine le monde est ainsi fait.
En fait, j'ai une double vie.
Une en plastique, en papier, en tricot, avec des yeux peints et des bras articulés, des tartes aux pommes éternelles, des amis taillés dans des bouchons.
Et une vraie. Une qui saigne quand je me coupe, qui pleure quand je suis triste, qui fait fuir le sommeil avec des idées noires, qui rit, qui danse devant la glace (non ça c'est l'autre, enfin, c'est les deux) une qui aime la soupe, les enfants, mes enfants, les gens et marcher au bord de l'eau.
Et j'ai du mal parfois
à savoir quelle est la vraie.
petit cadeau pour les enneigés (c'était il y a trois jours, depuis il pleut)
Pour le 20 de l'avent (tu as vu comme elle t'a préparé au choc, la Mère Baratin, c'est le métier, vois-tu, le métier), de la dînette en veux-tu en voilà.
20 : la dînette péquelette.
...et dépareillée, et cabossée, et incomplète. Oh, ça va les ours, on n'est pas au Hilton non plus.