Vol de grue

Si tu dis, lecteur exigeant et amateur de vérités scientifiques
Que les conteurs sont des menteurs
Et que dans ce grand sac tu jettes sans remords
La Mère Castor
Tu n’auras pas tort

Le terrible vautour qui fit des cercles sinistres
Au dessus de la ferme d’Antoine
Ricanant, bave au bec et lorgnant sur les veaux innocents allongés dans l’étable
N’était qu’une grue égarée près d’Ambert
Et qui, au vu de son régime alimentaire
Ne louchait ni sur le fromage ni sur les veaux
Laissant cela aux aigles et aux corbeaux
Mais qu’importe, il faisait beau, l’histoire était crédible et pendant quelque temps
Nous y avons tous cru
Mère Castor voyait déjà le long cou plissé comme une peau de vieille
Plongeant dans les entrailles chaudes d’une vache, quatre sabots en l’air, la langue pendant au fond d’un ravin et la boucle d’oreille frémissant encore de la chute
Dans d’affreux bruits de bouche et de bec, soupirant d’aise et rotant
Le vautour attablé avec toute sa famille s’empiffrait jusqu’à ne laisser qu’un tas d’os
Nettoyés et blanchis par les pluies de l’automne et le terrible froid de l’hiver auvergnat
Un touriste printanier,  randonneur de l’extrême et amateur de gouffres les trouvera un jour, fier de sa découverte : Oh !  une tête de vache ! Avec toute ses dents ! (c'est un touriste qui se pique de sciences naturelles)
Riant à jamais elle finira son temps sur une étagère entre deux améthystes et un bouquet de plumes
Atchoum !
Et la grue ?
Après son grand tour dans l’azur
Elle est allée retrouver les siens
Ignorant à jamais que les petits humains
Tremblants, plein d’une imagination fertile comme un champ auvergnat
Lui ont fait endosser pendant quelques instants
Du charognard
L’habit puant

La preuve en images :

La grue du Perrier

et un vol de grues sur oiseaux.net

C'est ainsi, conclut Mère Castor :
Quand de mon grand panier je sors un bout de bois
Que croyez-vous qu'on voit ?
De l'écorce, de la poussière ?
Non, le terrible crocodile qui tira le nez de l'enfant d'éléphant pour en faire une trompe,
Sans hésitation.
Vessie, lanterne, lanterne ou vessie, qu'importe, si l'histoire est bonne et l'auditoire attentif.

Merci à Antoine pour ses recherches, à Saturnin pour la précision de son oeil de peintre, et à tous d'accompagner Mère Castor jour après jour, même quand elle raconte des salades.

Demain, retour en basse-cour.

Comments

[Antoine]

Marie-Claire a raison, ce devait être le Saint Esprit... mais déguisé, hein, pour préserver son incognito !...

[Marie-Claire]

Oh alors c'est un oiseau inconnu non identifié qui a volé un moment juste au dessus de l'endroit où se trouvait la Mère Castor.
Ni une grue, ni un vautour, ni un balbuzard...
Oiseau venu d'ailleurs ?
Là il y a une autre histoire à raconter quand même...

[la Mère Castor]

oiseaux.net dit que la grue peut voler très haut. Ceci dit la collerette m'intrigue aussi, mais la grue est ce qui ressemble le plus dans tout ce que j'ai pu voir. La chasse reste ouverte...

[Rose]

je n'en suis pas si sûre
moi aussi j'ai agrandi l'oiseau
et sa collerette me ferait quand même penser à un percnoptère ou quelque chose comme ça
mais bon, la photo est floue)))
en plus les grues, comme les canards sauvages ne volent pas seuls si haut

[mysterjoe]

moi je sais qu'il y a une vérité en tous contes, et il n'y a qu'a laisser tomber une pieces en auvergne pour les voir les vautours ;-)))))