La vie des autres
Promenade du soir,
Quitter la maison avec le Père Castor sous un ciel de pastel rayé d’hirondelles bruyantes.
Passer le Pont Vieux qui somnole, gardé en dessous par le héron et quelques canards noctambules.
Dépasser la Vabre et ses campings cars blancs et propres : « Le randonneur » « Escapade » «Liberté » Si vous le dites.
Marcher le long de Vidourle le sombre, qui engloutit petit à petit la lumière du jour achevé.
Regarder et voir sur l’autre bord les castors
Un grand et des petits qui nagent, montent sur la berge, redescendent, font leur vie de castors.
Accommoder le regard à la nuit qui arrive, comme deux chats à l’affût
En repérer plus loin un autre sur la berge. Il boit, paisible, et fait des petits bruits qui traversent Vidourle et le chant des oiseaux dans les grands arbres.
Regarder la vie sauvage
Aimer cet instant de bonheur fugace, presque rien.
Retourner sur la Vabre où des campings caristes aux cheveux blancs discutent autour du point d’eau comme autrefois les femmes à la fontaine.
Passer devant les terrasses pleines des restaurants, sous les fenêtres ouvertes, paroles et musiques.
Rentrer à la maison sous un ciel zébré de chauve-souris qui zigzaguent en silence en évitant les murs.
Qu’importe si la photo ne montre presque rien
Qu'importe.