la Conquistadora
Lecteur à la patiente infinie
à l'imagination sans frontières
à la fidélité sans bornes
Enfile ta parka, chausse tes tongs, bourre ton sac de voyage dernier cri (Je te sens très dernier cri comme lecteur) de toute la paperasse obligatoire au voyageur, car par un seul papier ne peut pas commencer le plus long des voyages, que non, il en faut des tonnes, des liasses, des montagnes plus ardues à franchir que l'Himalaya je me suis laissée dire car l'Himalaya et moi ça fait deux, (parles-en à Fidel, des papiers et des numéros, outch !) : Te voilà baladant la Mère Castor, la Conquistadora. C'est ta faute aussi. Tu l'envoies aux quatre coins du monde -dira t-on assez le pouvoir des mots du lecteur de la Mère Castor ? - et elle, bête comme chou, docile comme une brebis de l'année nouvelle, la voilà sur les routes, à pied à cheval en voiture et en bateau à voile, trottinant sur la muraille de Chine, pêchant la morue en mer du Nord et la sardine en Sardaigne, récoltant l'arachide en Côte d'Ivoire, troquant dans les montagnes, troquant quoi je te le demande -penser à apporter de quoi troquer- vendangeant au Chili, produisant des bananes américaines, admirant les danses sacrées des ancêtres, canotant sur la Tamise, se protégeant de la mousson, de la fièvre maligne, des vents de sable, du blizzard, des bêtes féroces et, féroce entre les féroces, de l'universel pickpocket, un oeil sur le troupeau de moutons l'autre sur la récolte de canne à sucre et le troisième, troqué sur un marché indien, sur son passeport, c'est tout elle ça.
Eparpillée.
Car oui, lecteur, tes commentaires ont éparpillé MC sur la terre. Cependant elle n'ira ni : Aux Canaries ni à Cuba, ni au Mali, en Inde à la Réunion ou en Angleterre, pas plus au Danemark, au Guyana, au Vietnam au Cambodge au Kenya, encore moins au Cap Vert.
Alors ? Alors cherche encore, le monde est vaste et nous partons le 8 mars, ça laisse du temps et de la marge.
A vrai dire elle aurait préféré ce matin Vidourler, bader sur la berge, aligner des cailloux et griffonner sur les pierres. Mais il fait un temps
à garder les castors au chaud
à voyager en chambre
à rêver au dessus d'un bout de papier.
la vois-tu, la pauvrette, se faisant croqu-odiler ? gardant les moutons par un temps de chien ? N'as-tu pas de remords ? Et le vertige, tu y as pensé, au vertige ?
Les images sont tirées de : Géographie universelle pour garçons et filles, utile précision par les temps qui courent, un peu datée, la géographie, (1952, éditions des deux coqs d'or, cocorico- c'est pas moi c'est eux qui le disent- illustrations de C. de Witt) et de : Des petites fleurs autour du monde (voilà qu'elle se prend pour une petit fleur) illustrations Yutaka Sugita, éditions Nathan.
et ne compte pas sur Luna pour cafter, elle ne dira rien.
On me signale que ce billet serait un poil trop dense. Dense ? Et la forêt amazonienne, hein ? Et la jungle de Bornéo ? et le métro à l'heure de pointe ?