croix de bois croix de fer
Loin de nous le soupçon du début d'une idée d'aller perdre dans l'immense forêt de Chaux les 19 précieuses prunelles que nous avaient confiées leurs parents adorés.
Aux Baraques du 14 (par la fenêtre de l'une d'elles, il nous a semblé voir une grand-mère chenue assise au coin d'un feu éteint, à ses pieds un tricot dans une corbeille et sur ses genoux un vieux chat... mais peut être avons-nous rêvé) nous attendait - moderne Robin des Bois siglé et vêtu comme il se doit de vert nature - un technicien de l'ONF qui, devisant sous les grands arbres, a demandé aux enfants de ramasser quelque chose, plante, objet, voire animal afin d'appréhender l'histoire, la vie et les oeuvres de cette belle forêt de feuillus.
Ont défilé mousses et lichens, branche cassée, pierres polies, noires blanches grises ou brunes, une noix par ci, un gland par là et même une minuscule grenouille qui s'est tenue sage, frémissante et coite au creux de la main de M. en attendant d'être présentée aux Poucets du jour qui vaquaient comme chez eux sous les grands chênes et la charmille charmillante.
Dira t-on jamais assez le pouvoir apaisant de la forêt ?
Dommage que le tour ait été si court, se terminant sur un site charbonnier au sol noir d'escarbilles et doré à la feuille d'automne et aux champignons jolis.
L'après-midi, visite de la Taillanderie où, dès l'entrée, l'attention en dent de scie des enfants a été happée par un animateur aussi formidable qu'autour de lui ces machines restées dans leur jus d'huile, de poussière ferreuse, de roues suitantes, bidons, enclumes, outils, perceuse géante, lampes sur bras articulés, marteaux sonores et un extraordinaire système de soufflets, tout l'attirail de cette ancienne usine où l'on fabriquait autrefois des outils taillants - plus de 100 modèles de faux, excusez du peu - et où les ouvriers devenaient sourds en moins de deux quand ils ne se faisaient pas broyer les doigts sous les marteaux impitoyables animés par l'eau de la rivière.
Tout le sombre monde de la forge est là, eau et feu domptés et métal façonné par l'ingéniosité des hommes d'alors. Le regard terrible des derniers propriétaires du lieu, si perçant sur la vieille image en noir et blanc, en dit long sur la dureté de cette vie de forgerons.
La source du Lison, malgré la douceur de son nom est imposante elle aussi, énormes flots crachés par le rocher, eaux mousseuses, arbres moussus, quelle journée !
à défaut d'un coucou, un clin d'oeil à Nathalie (si j'avais su que tu étais tout près... Désolée, vraiment)
Ca sera tout pour aujourd'hui.