petits arrangements avec les mares
Nous, Reine Petite et
nous,
petits crayons de poussière
brun et vert de terre
jaune et noir loriot
violet violette
vert algues vert d’eau et bleu comme les yeux
de Lucie
avons procédé à la visite du domaine
au marquage des niveaux
au salut à l’escargot
aux réparations nécessaires
au fleurissement éphémère
ne laissant derrière
nous
pour l’été
que mares arrangées
signature pour rire
et sur la roche
un semis de feuilles factices
et quelques fausses pistes.
Intermède :
Quel est ce fier guerrier en arme qui fixe le ciel d’un œil cruel et déterminé ?
Le jardin serait-il assailli d’ennemis, encerclé de promoteurs aux dents longues qui lorgnent sur le jardin en friche, se voyant déjà arracher les arbres pour construire deux ou trois pimpantes villas qu’ils vendront à prix d’or à des bobos pédants couverts d’enfants mal élevés ?
Que nenni mon ami, la Mère Castor, droite dans ses tongs, armée d’une bonne vieille raquette de tennis, scrute l’horizon palmeresque à la recherche du papillon mortifère.
Ennemie suprême du jardin, la bête immonde n’a de papillon que le nom, oui oui.
Pas de volettement léger de fleur en fleur (ce billet plié en deux qui cherche l’adresse d’une fleur… De qui ? Une fleur à qui trouve), ni ailes poudrées ni délicates antennes. Non, Le fourbe vrombit, n’hésite pas à attaquer l’attaquant, à lui frôler la tête comme un avion de combat, et à éviter le coup droit assassin qui devrait, dans le meilleur des mondes, mettre fin à sa vie de brigand. Hélas, il y a belle lurette que la MC ne fréquente plus les courts de tennis (où son coup droit de gauchère n’a laissé aucun, mais alors absolument aucun souvenir) et elle a beau s’appliquer, c’est toujours la bestiole qui gagne, tudieu, même que si tu osais t’approcher du dit papillon, tu l’entendrais ricaner tout en vrombissant, ce qui produit un affreux bruit absolument décourageant pour le guerrier, fut-il fier et déterminé.
C'est pourquoi, après avoir mouliné tel Don Quichotte affrontant ses moulins, tête basse et raquette pendouillante, il rentre boire un coup d’eau fraîche et s’en va raconter ses exploits sur son blog aussi désert que Paris au mois d’août si on enlevait les touristes.