L'arbre à couscous, chronique botanicopatouillogastronomique
Dans le jardin de Mère Castor
Pousse un arbre curieux qui, quand vient la saison
Laisse tomber une pluie de petits grains
Qui couvrent la terrasse et l'allée du jardin
Autrefois, la manne précieuse était récoltée par des mains expertes
C'est que le temps était venu d'enlever les chaussettes
D'aller à la rivière, de sortir la dînette
Et de jouer enfin à l'exquise patouille
Combien de bols, d'assiettes, de fourchettes en plastique
Ont recueilli l'ingrédient tombé du ciel
Combien de soupes, de galettes, d'infâmes brouets
Qui fermentaient et bullaient au soleil
Ont nourri les poupées décoiffées des jeunes demoiselles
Sous l'œil unique et vert du chat de la famille
Tant et tellement qu'aujourd'hui
Quand passe sous les palmes la vieille Mère Castor
Qu'elle entend le doux bruit de l'averse sans eau
Elle secoue ses cheveux couronnés de grains d'or
Et se dit, le sourire en dedans :
Tiens, c'est la saison du couscous.
Les concernées se reconnaitront.