à Melchior, Gaspard et Balthazar

À leur fière allure, à leurs chameaux austères,
À l’or qui brille dans leurs yeux, aux plis dorés de leurs manteaux
A leur pas lent, à leurs beaux visages révélés par les feux de la nuit
A leurs rêves insensés
A leur voyage étoilé
À leurs royaumes inconnus
À leur éternel retour
A leur beauté
À leur éternité.

à Marie-Claire la fée savante aux mains farinées
Qui partage avec nous ses recettes fabuleuses et ses lumières

à Antoine qui du haut de ses nuages
Nous envoya une étoile brillante et un peu de sa peine

à tous ceux qui royaument, qui galettent, qui fèvent
Mère Castor offre une part du Grand Gâteau du festin des Bons-Enfants
Qui a lieu en hiver tous les vingt quatre ans
Et pour vingt quatre enfants seulement.

(…)

- Mais ceci n’est pas une babiole, Maître, c’est une étoile fée, dit l’Apprenti.
- Tu me l’as déjà dit, répliqua le Queux d’un ton sec. Bon, je le dirai aux enfants. Ca les fera rire.
-Je ne le pense pas, Maître, dit l’Apprenti. Mais c’est ce qu’il faut faire, vous avez parfaitement raison.
- A qui crois-tu parler ? Fit Nokes.
Le gâteau fut confectionné, cuit et glacé en temps voulu, principalement par l’Apprenti.
-Puisque tu t’intéresses aux fées, je vais te laisser fabriquer la Reine des fées, lui dit Nokes.
- Bien, Maître, répondit-il. Je le ferai si vous êtes trop occupé. Mais l’idée est de vous et non de moi.
- C’est à moi qu’il appartient d’avoir des idées, et pas à toi, dit Nokes.

    A la fin le Gâteau était placé au milieu de la longue table, dans un cercle de vingt quatre bougies rouges. Le haut s’élevait en une petite montagne blanche aux flancs de laquelle poussaient de petits arbres scintillants comme de givre ; au sommet se tenait sur un pied une figure menue semblable à une fille des neiges en train de danser, et, dans sa main, se trouvait une minuscule baguette de glace étincelante de lumière.
    Les enfants la contemplèrent, les yeux écarquillés, et un ou deux battirent des mains, s’écriant : « Que c’est joli ; on dirait d’une fée ! » Le Queux en fut ravi, mais l'Apprenti parut mécontent.  Ils étaient tous les deux là : le Maître pour découper le Gâteau le moment venu, et l’Apprenti pour aiguiser et lui tendre le couteau.
    Le Queux  prit enfin le couteau et s'avança vers la table.
- Il faut que je vous indique, mes chers enfants, que ce beau glaçage recouvre un gâteau fait de beaucoup de bonnes choses ; mais il y a aussi, mêlées à la pâte, beaucoup de jolies petites choses, des babioles, des petites pièces et que sais-je encore ? Et l’on me dit que cela porte chance d’en trouver une dans sa tranche. Il en existe vingt quatre dans le gâteau, de sorte qu’il devrait y en avoir une pour chacun d’entre vous, si la Reine des fées agit correctement. Mais elle ne le fait pas toujours, c’est un petit être malicieux. Demandez à monsieur l’Apprenti.
    L'Apprenti se détourna et examina les visages des enfants.
- Non ! J’oubliais, dit le Queux. Il y en a vingt-cinq, ce soir.  Il y a aussi une petite étoile d’argent, une spéciale, magique, du moins à ce que dit monsieur l’Apprenti. Alors, faites attention ! Si vous cassez dessus une de vos jolies dents de devant, l’étoile magique ne la réparera pas. Mais je pense que c’est tout de même un objet qu’il est particulièrement heureux de trouver.

(…)

Extrait de : Smith de Grand Wootton, dans Fäerie de Tolkien, qu’il vous faudra lire si vous voulez savoir qui mangea l’étoile fée, et comment sa destinée en fut changée.

Comments

[Catherine Goux]

Hé, hé, je reconnais la grenouille. Elle m'a été présentée...

[Marie-Claire]

Je suis très touchée de cette attention, merci, Mère Castor.
Permets moi de te souhaiter que la nouvelle année soit riche en très belles histoires et en fééries, comme celles que tu sais apercevoir dans les choses les plus ténues et que tu nous montres, à nous qui avons parfois les yeux grossier et qui passons à côté sans les apercevoir.

Bon je vais m'enquérir du livre de Tolkien, maintenant.

[Prax]

Il est possible aussi de mettre 24 petits enfants dans un pâté à la viande, c'est une galette spéciale ogres !

[le Pierrot]

Les rois mages n'étaient que des commerciaux à chameau, non ?
je rigole la mère, respect...
bonne journée à toi, bisou...

[Annie]

Tu as oublié Taor, on l'oublie toujours. Et il n'y a pas d'étoile non plus au ciel ce soir. Elles tombent en scintillant jusque sur la route qui glissera demain.