Laconiques lacunes, suite et fin.
vois-tu pendre la langue et briller les dents de l'inculture ?
Musique et mathématiques
A l’école les mathématiques expliquaient à petite Mère Castor la vie
C’était simple d’apprendre les fractions en regardant la blessure d’une pomme coupée
De calculer la surface d’une maison, le volume d’un cube
Mais elle fut exilée des maths, posée en dehors d’un cercle dessiné à la craie, qu’on appelle ensemble, par une jeune enseignante maladroite qui n’a pas su lui faire comprendre qu’elle parlait autrement de la même chose, dommage.
Alors que son père remplissait des cahiers de formules et suivait la musique sur les partitions, ces deux langages, ces deux écritures sont restés à jamais hermétiques à Mère Castor.
Rapprochant l’immensité ouverte par les chiffres qui s’approchent du zéro et le frôlent à jamais de la fuite infinie d’une fugue courant après la note,
Regrettant de n’avoir pu apprendre d’instrument pour cause de gaucherie mais plongée dès l’enfance dans un bain de musiques aux parfums divers
Ennuyée souvent par la variété et les plaisirs solitaires du jazz actuel
Là est son inculture pour cause d’oreilles qui se ferment
Envoûtée par les voix qui résonnent dans son cœur
Par les souvenirs merveilleux
Purcell à l’abbatiale de la Chaise Dieu
Le Crépuscule des Dieux à Orange
Mick Jagger en 1966 à l’Olympia
Alain Bashung au village et tout le reste mais elle ne racontera pas sa vie
Il lui reste à se poser une question cruciale :
Si Bach (les cantates surtout, le concerto pour deux violons la fait pleurer, et le reste l’enchante ; fan de ?) lui rappelle l’odeur du poulet rôti et les dimanches matin quand elle était petite
Ses deux sœurs végétariennes, ça leur évoque quoi ?
Cinéma
Pour cause d’éloignement et de ruralité, la Mère Castor fréquente peu les cinémas
Aime la légèreté de Fred Astaire, la grâce de Gene Kelly
Tremble quand Robert Mitchum descend l’escalier de la cave : Children, chi-ildren…
Entre dans les films comme dans une maison
Méconnaît films français et asiatiques, grappille, laisse à ses enfants le choix de lui apporter sur disques les choses qu’ils ont aimé, partage, écoute et voit en différé.
Quant à Amélie Poulain, évoqué par Balmeyer, c’est un objet trop bien fini qui ne laisse aucune place à l’émotion, dirait la Mère Castor si on lui demandait.
Mieux vaut aller voir : Wonderful World, de la compagnie BP Zoom, un spectacle épatant, poétique et drôle qui met en scène deux clowns qui aimeraient faire croire qu’ils volent, qui voudraient voler, qui finissent par s’envoler, lâchant au dessus du public un escadron d’avions en papier blanc, jouant avec une bouteille d’eau, une chaussure, des bretelles. Du vrai, du bon clown, presque sans paroles, de quoi se réconcilier pour un bon moment avec le théâtre.
Wonderful World, que faire avec deux cartons qui n'a pas déjà été fait ? (le Cratère, Alès)
Sont tagués pour donner à voir la mesure de leur inculture dans cinq domaines, cinéma, musique, livres, mathématiques et gastronomie, et pourquoi pas dans d'autres choses (l'exercice est assez difficile) :
Berthoise du tout venant, Nathalie de Godnat, Sab des 400 coups et Fremen, Coeur de Tonnerre.
Pas obligés, hein !
Bien sur, ceux qui le souhaitent, faites-donc.
Quant aux petites pommes, en réponse à la question du billet précédent, si le jour du marché le producteur les vendait en bouquets de décoration, il plante ces pommiers pour la pollinisation de ses arbres.
Tous les lecteurs, Mère Castor vous embrasse et vous dit :
Buvez, mangez ou restez seuls
Faites la gueule, amusez-vous
Coiffez-vous de chapeaux rouges et ridicules
Profitez de votre famille
Soyez prudents sur la route, mais surtout
Passez donc un Noël
A votre guise.
A bientôt.
Merci à Michèle pour les images 2 et 5, profitez-en pour aller voir ses belles photos et lire ses textes sensibles.