Transes rurales

28 juillet 2008

Loin des affres culturelles et ruineuses du vieil Avignon
Qui fait craquer ainsi les pas de Mère Castor,
Est-ce une feuille assassinée par le soleil ?
Quelles sont ces fumées odorantes qui boucanent des poissons volants,
Des signaux envoyés par quelque indien sacré ?
Est-ce le Père Castor cet homme scarifié qui entasse en riant des copeaux ?
A qui sont ces enfants qui courent les pieds nus ?
Et ces grands camions blancs avec fleurs et lutins
Entourés de peilles de canettes vides et de grands chiens
Que font ils alignés sous le bleu écrasant de l’été cévenol ?
En shorts et robes à fleurs, leurs petits chiens poilus tenus en laisse
Les villageois, témoins indulgents de la pagaille organisée
Traversent la place, et leur présence incongrue sème le doute : sont-ils les comédiens habiles d’un spectacle de rue ?
Gobelets et barquettes en légion chantent sous les sandales
Le peuple anti-conso mange des frites, boit de la bière et des alcools
Consomme tout fume et avale n’importe quoi
Hochant la tête pour garder le rythme
Il admire l’africain souriant qui sculpte des tortues
On mange bio on fume de la Fleur de Pays
Ça grouille de barbus poilus et mal coiffés d’enfants joyeux et sales
Pantalon africains, barbes rousses, gri-gri et tuniques indiennes
On signe des pétitions de l’autre main on abandonne barquettes canettes fourchettes au pied de la poubelle laissons faire la nature
Friteuse pétards et machine à fumée finissent d’embrumer le pays huguenot
Et il se pourrait bien que ce peuple titubant bafouillant et hilare
Oublie pour le reste de la nuit
Qu’ici vont se produire chanteuse gracile et groupe diabolique
Qui fait sauter les jeunes filles comme des puces aux cheveux en bataille
Pendant que des grands corps passent au dessus des têtes, bras en croix
Portés par la musique et portés par les gens