Clichés
Elle aurait pu photographier
Les bagnoles
Dévorant l’espace
Sur les places où les vieux blaguent près des enfants qui jouent
Les fenêtres en PVC
Les auto bloquants pavant les rues médiévales
Les gouttières éventrées coulant le long des pierres
Les bagnoles
Passant l’antique Pont Vieux
Les containers : un jaune un vert un bleu
Indifférents aux indéfinissables escoubilles déposées à leurs pieds
Par un lambda de passage ignorant la déchetterie et son classement ultime
Les bagnoles
Bouchant la rue principale
Elle pourrait regretter
Les canettes, les mobylettes, les canettes, les mobylettes, interminable et minable collier
Déplorer
Les tas de ferrailles de l’entrée, les gravats de l’intérieur, les murs écroulés
Les devantures hideuses, toc, peinturlure et vieux rideaux
Les énormes camions, placides éléphants endormis où parfois un chien assis sur le siège avant hurle sa solitude
Les bagnoles
Pissant l’huile
Et les crottes de chien, les papiers sales, les rochers taggués
Pleurer sur l’ennui perfide qui s’infiltre et rôde dans les rues sombres
Et suinte sur la vie du village
Mais quand la frôle
Cette idée drôle
Mère Castor lève la tête, regarde au loin
Admire et admire encore son joli village vertical, imparfait
Parfait de ses imperfections
Mêmes