Un grand corps nu qu'ornent des cornes
Mère Castor le croyait plutôt bon garçon, jovial et un brin coquet, la corne luisante, amateur de mauvaises blagues mais fragile aussi, lui qu'on déplaçait dans du coton.
D'une voix nasillarde, il énonça autrefois les règles de passage d'un Pont du Diable, si bien nommé, une histoire avec chat et roi de bonne compagnie.
Pas un des enfants présents n'eut alors le moindre frisson.
Ce matin tout fut différent.
Sous un ciel plombé de pluie venue et à venir, Mère Castor doit admettre que, oui
Le Diable existe.
Levant la tête, elle a reconnu le piquant de l'oreille, la queue fléchée, l'impitoyable noirceur de l' âme.
Il est muet, dressé, métallique.
Menaçant.
Abattue et les pieds mouillés elle rentre à la maison
Quitte ses bottes
Rouges
Et se réconforte d'une tasse de café
Noir.